Gérer sa colère en tant que manager n’est pas qu’une question de self-control. C’est un art subtil : comprendre ce que cette émotion dit de toi, sans te laisser dominer par elle.
Cet article s’adresse à tous ceux qui veulent :
– Gérer leur colère en tant que manager sans perdre leur authenticité,
– Apprendre à transformer cette énergie en levier de leadership émotionnel.
Pourquoi la colère du manager est-elle si mal comprise au travail ?
La colère du manager reste un tabou dans de nombreuses organisations.
On la confond souvent avec un manque de maîtrise, voire une forme de faiblesse ou d’agressivité. Pourtant, cette émotion joue un rôle essentiel dans la gestion des émotions au travail : elle signale qu’une valeur, une limite ou une conviction profonde a été bousculée.
Les signaux d’une colère mal gérée sont bien connus : hausse de ton, tension dans le regard, silence glacial ou repli sur soi.
Et pourtant, une colère exprimée avec justesse peut devenir un repère puissant pour ton équipe : elle montre ce qui compte vraiment pour toi.
Les signaux d’une colère mal maîtrisée
Tu connais cette montée de chaleur qui t’envahit quand quelqu’un piétine une valeur profonde ? La tu comprends que tu dois gérer ta colère car tu es manager.
Ce moment où tu sens que tu pourrais tout envoyer valser : un délai méprisé, un engagement non tenu, une remarque injuste devant l’équipe.
Le cœur accélère, la mâchoire se crispe, la voix se charge. Tu n’es pas faible : quelque chose d’important est menacé.
Gérer sa colère plutôt que de l’étouffer
La question n’est pas “ai-je le droit d’être en colère ?”, mais “que me dit cette colère, et qu’est-ce que j’en fais ?”.
👉 Canaliser la colère, ce n’est pas l’étouffer, c’est la mettre au service de ton leadership.
La colère du manager n’est pas un défaut de caractère, c’est une alarme émotionnelle qui signale qu’une valeur importante a été bousculée.
Quand ma colère me rappelle Naruto
Moi, quand je perds le contrôle, et que je dois gérer la colère, je pense direct à un de mes mangas préférés : Naruto.
Quand il craque, son démon intérieur prend le dessus. Tout explose. Il blesse même ceux qu’il voulait protéger.
Apprendre à maîtriser sa colère, ce n’est pas devenir froid ou insensible, c’est savoir rester lucide quand l’émotion prend le dessus.
Je me retrouve parfois dans cette image :
- le rouge,
- la violence incontrôlable,
- et les regrets après coup, d’avoir été trop loin
Cette scène illustre parfaitement ce que je veux dire sur
le déferlement brutal, incontrôlable… exactement l’image de ce qu’on ressent parfois en management quand l’émotion prend le dessus.
Bon, normalement tu ne vois pas ta chère et tendre se faire tuer en live devant toi (heureusement 😅).
Mais tu as compris l’idée : quand ça explose, ça emporte tout.
Je sais que ce n’est pas une bonne idée d’enfouir sa colère.
Alors, comme Naruto, j’essaie d’apprendre à la canaliser.
C’est long. C’est dur. Mais chaque craquage me rappelle que je dois continuer l’entraînement.
Apprendre à maîtriser sa colère, ce n’est pas devenir froid ou insensible, c’est savoir rester calme, lucide quand l’émotion prend le dessus.
Et dans mon cas, cet entraînement passe par deux outils :
👉 La philosophie, pour donner du sens.
👉 L’art oratoire, avec les techniques de Thomas d’Ansembourg , pour gérer sa colère quand tu manage et transformer cette énergie brute en force qui inspire.
Et le parallèle est simple : un manager, face à une colère qui monte, peut soit se laisser dominer et exploser, soit apprendre à apprivoiser cette énergie pour en faire un moteur.
Faiblesse ou force ? Ce que la philosophie enseigne au leader moderne
La colère, mal maîtrisée, est un risque direct pour le manager et son équipe.
Elle abîme la confiance, casse la coopération et installe la peur. Mais l’ignorer totalement n’est pas mieux : un manager qui refoule sa colère accumule du ressentiment… jusqu’à l’explosion ou l’épuisement.
C’est là que la philosophie apporte un éclairage précieux. La gestion des émotions au travail commence par reconnaître que chaque réaction colère, frustration, peur contient un message utile.
Sénèque vs Aristote :
- Pour Sénèque, la colère est une passion destructrice : elle brouille le jugement et conduit à la démesure.
- Pour Aristote, elle peut au contraire être un élan vers la justice : légitime, si elle est proportionnée et dirigée vers la bonne cause.
👉 La philosophie questionne : faut-il l’éteindre ou l’apprivoiser ? Est-ce une faiblesse à corriger, ou une force à canaliser ?
Derrière la colère, la peur :
Développer ton intelligence émotionnelle, c’est comprendre ce que chaque émotion veut te dire avant d’agir.
Avec l’expérience , j’ai appris que derrière chaque colère se cache souvent une autre émotion : la peur.
- Peur que le monde soit irrémédiablement injuste.
- Peur de ne jamais être compris.
- Peur que ses idées soient sans valeur.
La colère agit alors comme un masque : elle recouvre l’impuissance, le rejet, le doute.
Pour gérer ta colère en tant que manager, deux profils se distinguent :
- Ceux qui explosent dès qu’ils se sentent menacés.
- Ceux qui ne se mettent jamais en colère.
Mais les seconds ne sont pas forcément plus sages. Leur calme peut être le signe d’une maîtrise admirable, ou au contraire d’une anesthésie émotionnelle qui les coupe de leurs besoins.
👉 La vraie question n’est donc pas “faut-il se mettre en colère ou pas ?”.
C’est plutôt : “Que révèle ma colère, et quelle place je lui donne dans mon leadership ?”
C’est là que naît le leadership émotionnel : celui d’un manager capable d’écouter ses émotions sans s’y soumettre, et d’en faire un moteur d’inspiration.
Transformer la colère en message constructif : la méthode CNV
Pour gérer sa colère au travail, il ne suffit pas de se taire ou de “prendre sur soi”.
La communication non violente (CNV), popularisée par Thomas d’Ansembourg, offre une méthode simple pour exprimer ce que tu ressens sans blesser.
La vie du manager sur le terrain :
Tu découvres en réunion qu’un engagement clé n’a pas été respecté. Tu sens la colère monter : ton cœur s’emballe, ta voix se charge, ton équipe te regarde.
👉 Si tu laisses l’émotion exploser, tu risques de blesser la confiance et de figer l’équipe dans la peur.
👉 Si tu l’étouffes, tu rentres chez toi frustré, et l’équipe perd un signal important sur ce qui compte vraiment pour toi.
C’est précisément ici que la philosophie rejoint la pratique. Elle nous dit :
- la colère est dangereuse si elle gouverne,
- mais utile si elle éclaire et oriente nos décisions.
Alors comment faire ?
C’est là qu’intervient un outil simple et puissant, inspiré de Thomas d’Ansembourg :
🔑 La méthode en 3 étapes :
Grâce à la communication non violente, tu peux transformer une émotion brute en un message clair : exprimer sans accuser, et écouter sans subir.
- Nommer l’émotion
- “Je me sens en colère / frustré.”
👉 Mettre des mots calme déjà l’intensité.
- “Je me sens en colère / frustré.”
- Identifier le besoin caché
- “J’ai besoin de fiabilité, de clarté, de respect des engagements.”
👉 Derrière chaque colère, il y a un besoin non nourri.
- “J’ai besoin de fiabilité, de clarté, de respect des engagements.”
- Formuler une demande constructive
- ❌ “Vous n’avez pas respecté les délais !”
- ✅ “Je suis frustré parce que le respect des délais est crucial pour le projet. J’aimerais comprendre ce qui s’est passé et trouver ensemble une solution.”
De la colère à la clarté : quand l’émotion devient moteur de leadership
Au lieu de projeter ta colère, tu la transformes en message clair :
👉 émotion + besoin + demande négociable.
Et surtout : ça garde ton autorité sans casser la confiance. Cette transformation émotionnelle ne se fait pas en un jour.
⚠️ Attention !
Apprendre à exprimer ta colère et t’en servir ne veut pas dire tout laisser passer.
Les règles, les consignes, une fois validées, sont là pour être respectées. Et parfois, oui, il peut y avoir des sanctions. Même dites calmement.
La différence est là :
- Au lieu de balancer un “Vous me faites tous chier, je vais vous virer !” (🙃),
- Tu peux dire : “Je suis en colère. La consigne et le délai n’ont pas été tenus. Il y avait un engagement. Je vais réfléchir à la suite.”
Et ensuite, mettre réellement en place une suite. Une sanction s’il le faut. Mais après coup, une fois l’émotion redescendue.
Conclusion :
Le manager, comme Naruto, apprend à vivre avec son démon
Une colère constructive, c’est une émotion canalisée : elle dit “attention, il y a quelque chose d’important ici” au lieu de tout faire exploser
C’est l’utiliser comme un signal pour mieux comprendre une situation et y réagir avec intelligence et empathie.
Le manager, comme Naruto, n’est pas celui qui n’a pas de démon en lui, mais celui qui apprend à vivre avec… et à le transformer en force.
Et pour la suite…
Dans cet article, j’ai beaucoup appuyé sur comment le manager peut gérer sa colère :
👉 comment la dédramatiser parce qu’elle est normale,
👉 et surtout, comment l’apprivoiser dans un travail de long haleine pour éviter les dégâts.
Mais il y a un autre versant : comprendre pourquoi les collaborateurs se mettent, eux aussi, en colère.
Un sujet essentiel, que j’aborderai dans un prochain article.
Je te laisse avec cette réflexion de Martin Legros je résume :
“Dans notre société, ce n’est plus seulement une colère due à une lutte des classes, mais une colère du perdant face au gagnant, une révolte face aux règles du jeux.”
Pour aller plus loin :
Si tu veux élargir ton outillage, je te recommande de jeter un œil à l’article Article Psyris : 7 techniques infaillibles pour gérer sa colère dès aujourd’hui
Parmi les techniques proposées, certaines complètent utilement la méthode CNV que je présente ici :
• Respiration consciente — prendre quelques respirations profondes pour désamorcer la tension
• Pratique de l’auto-questionnement — te demander “Que cherche mon émotion à me dire ?”
• Mise à distance physique ou mentale — faire une pause de quelques minutes avant de revenir à la conversation


Très bon article! la gestion de la colère est un vrai défi ! merci pour les conseils concrets 👌