Les leçons d’Interstellar pour inspirer et guider son équipe
Être manager, c’est porter une lourde responsabilité : prendre des décisions cruciales sans jamais avoir toutes les certitudes.
Qu’est ce que la responsabilité managériale? Comment choisir entre le bien de l’équipe et son propre bien-être ?
Pour illustrer ce dilemme, je m’inspire d’une scène culte de Interstellar (Christopher Nolan, 2014). Cooper (Matthew McConaughey) quitte sa fille Murph, sachant qu’il ne la reverra peut-être jamais. (Extrait en fin d’article)
Une scène déchirante.
Elle parle de ce que ça veut dire porter une responsabilité plus grande que soi, décider sans certitude sur l’avenir, quand il faut prendre une décision cruciale sans aucune certitude sur l’avenir.
Et moi, Je me projette dans cette scène.
Parce que j’ai déjà ressenti ce poids : avancer, décider… sans savoir si c’était le bon choix.
« Nous sommes juste ici pour être des souvenirs pour nos enfants. » – Cooper
Dans cet article, je pars d’Interstellar pour parler d’un vrai problème de manager : la responsabilité, ce poids parfois écrasant.
Parce que derrière chaque décision, il y a des conséquences… et c’est souvent le manager qui les porte en premier.
Il porte quoi, au fond ?
👉 le doute,
👉 la peur de se tromper,
👉 la pression du temps,
👉 et parfois même la solitude.
Comme souvent ici, je m’appuie sur la philo pour questionner, et sur l’art oratoire pour avancer. Deux alliés qui m’aident à progresser, à dédramatiser, et à transformer cette lourde tâche en apprentissage.
🤔 Question philosophique : qu’est-ce que la responsabilité managériale ?
Comme Cooper dans Interstellar, tu es parfois confronté à des choix impossibles :
👉 Dois-tu faire passer le bien de ton équipe avant tes propres aspirations, ton confort, voire ton bien-être personnel ?
Comment avancer malgré le doute et décider sans certitude ?
📚 Ce que la philosophie nous enseigne sur la responsabilité
Aristote voyait la responsabilité comme la capacité à choisir librement, même face à l’incertitude, et à assumer les conséquences de ses actes.
Kant parlait du devoir : agir non pas pour soi, mais selon un principe qui peut valoir pour tous.
Sartre insistait : être responsable, c’est accepter que nos décisions engagent aussi les autres.
Dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut mais nous sommes responsables de ce que l »on fait », – Jean-Paul Sartre
Alors oui, il existe une responsabilité managériale, à partir du moment ou c’est toi qui décide. Et en meme temps j’aime bien cet extrait qui vient donner du positif et dédramatiser.
⚖️ Le dilemme du manager, comme celui de Cooper
Être responsable comme manager, ce n’est donc pas seulement atteindre des objectifs.
C’est accepter que chacune de tes décisions trace une voie pour ton équipe.
Cela implique de tenir ensemble deux exigences :
- L’engagement vers une mission plus grande (comme Cooper qui veut sauver l’humanité)
- L’attention à l’humain, au plus proche (comme son amour pour Murph)
🌌 En clair
La responsabilité, ce n’est pas choisir entre mission et humanité.
C’est apprendre à porter les deux, malgré la douleur et l’inconnu
Tu peux approfondir avec cet article : Comment mobiliser son équipe dans l’incertitude : une méthode inspirée de Martin Serralta
🛠️ Exemple concret : tenir dans le chaos
Quand les objectifs ne suivent plus
Il y a quelques années, les objectifs n’étaient pas atteints.
Les marges baissaient, les stocks coûtaient trop cher, et malgré les efforts, l’équipe s’épuisait.
Je voyais bien que continuer comme avant, c’était foncer droit dans le mur.
Pathos : reconnaître la difficulté
Avant de parler chiffres, j’ai reconnu l’évidence : c’était dur.
👉 « Je sais que ce que je vais annoncer n’est pas simple. Et je ne vous cache pas que j’ai moi aussi eu du mal à l’accepter. »
Parce qu’on ne réorganise pas qu’une feuille Excel.
On touche au confort, aux habitudes, et parfois même à la vie perso. Et ça, ça pique.
Logos : expliquer le pourquoi
Ensuite, j’ai donné la logique.
👉 « Si on garde l’organisation actuelle, on continuera à avoir les mêmes résultats. Et ces résultats, aujourd’hui, ne nous permettent pas de tenir sur le long terme. »
Concrètement, il fallait réduire le gaspillage de matériel, revoir la logistique, simplifier certains process.
Pas très glamour, mais vital. Et au fond, la règle est simple : si rien ne change, rien ne change.
Autant de décisions difficiles, mais nécessaires pour préserver l’avenir.
Ethos : prendre sa part
Enfin, j’ai montré mon engagement.
👉 « Moi aussi, je vais changer. Je vais être plus présent sur le terrain, assumer une part des efforts, et ne pas rester dans une posture uniquement théorique. »
Mais ce choix dépassait largement le travail.
Il impliquait une réorganisation personnelle, des compromis dans mon couple, du temps en moins avec mes enfants.
Et non, il faut évité de jouer la carte du pathos : « Moi j’ai sacrifié ma vie de famille. » Parce que là, on frôle le concours Lépine de la culpabilisation.
Le quotidien derrière les décisions
Le plus dur, c’était les questions à la maison :
👉 « Papa, pourquoi tu rentres plus tard ? »
Je n’avais pas de réponse héroïque comme Cooper dans Interstellar.
Pas de mission intergalactique pour sauver le monde.
Juste une vérité plus brute : tenir dans le chaos, décider pour durer, et donner du sens même quand ça n’a rien de sexy.
Le paradoxe du manager
Et puis il y a ce petit détail qu’on oublie souvent :
Ton implication énorme n’est pas toujours reconnue.
Certains trouvent ça normal. « Bah, c’est ton rôle, t’es le chef. »
C’est ça aussi, le métier de manager :
- Donner sans attendre de recevoir.
- Prendre des décisions impopulaires.
- Encaisser parfois plus de critiques que de remerciements.
Trouver la bonne distance
Au fond, être manager, c’est chercher en permanence un équilibre fragile :
- Être humain, accessible, emphatique.
- Mais garder la distance pour ne pas être trop affecté.
- Rester rationnel sans devenir froid.
Bref, tenir entre deux pôles : proximité et recul.
Un sujet assez riche pour un prochain article :
👉 Comment s’impliquer sans se laisser submerger ?